Kacha Legrand : 2019 - 28ème édition de l'Art dans les chapelles - Chapelle Saint-Drédeno

28ème édition de l'Art dans les chapelles - 2019 - Chapelle Saint-Drédeno - Saint-Gérand - 5 juillet / 15 septembre

É N E R G I E B L A N C H E

PRÉSENTATION ORALE DE KACHA LEGRAND À LA CHAPELLE SAINT-DRÉDENO, SAINT-GÉRAND,

LE 7 JUILLET 2019

Lorsqu’Eric Suchère m'a annoncé qu’il m’invitait à la chapelle Saint-Drédeno, j'ai été très touchée. Saint-Drédeno est une chapelle que j'affectionne pour multiples raisons : sa grande simplicité, son humilité, sa lumière, la qualité de ses espaces. Cette chapelle contient deux espaces distincts, une nef, espace central, et un transept, espace secondaire. Un magnifique dallage de schiste dont le marquage au sol est une flèche qui commence à la porte ouest, invite le visiteur au franchissement de cet espace jusqu'à en atteindre le cœur. Au dessus de la porte ouest, un oculus, une ouverture vers le ciel, une ouverture vers l'au-delà, surplombée d'une voûte en berceau blanche.

A partir de ces différents éléments s'est affirmée l'idée de créer un lien entre le ciel, ouverture vers le cosmos et la statuaire très présente, chargée, empreinte de violence et de douleur, représentée par des saints et des martyrs, qui occupent le transept de la chapelle en son cœur.

Ma réponse s'est construite en deux temps, par une première installation composée d’une collection de formes cylindriques présentées comme un dépôt dans une dynamique arrêtée, dans un mouvement suspendu, évoquant l'idée d'un tournoiement, d'une danse comme la pratiquent les derviches tourneurs - qui fait appel à la fois au corps et à l'esprit dans un mouvement giratoire - mouvement qui invite à s'élever.

J'ai pu remarquer lors de ma précédente rencontre avec le public de la chapelle, deux éléments d'architecture qui m'ont troublé, deux figures placées de chaque coté du cœur, dont les têtes coiffées ne sont pas sans rappeler celles des derviches tourneurs... j'y vois un lien avec ma proposition, comme une sorte de signe qui viendrait confirmer la présence possible des sculptures.

Cette installation intitulée énergie blanche est un espace pacifique, une recherche d'équilibre et de verticalité, un fil tendu entre le sol et le ciel. C'est aussi le cheminement de notre regard, notre façon de les contourner dans une recherche de points de vue. La proposition d'un déplacement de notre corps autour et entre les pièces.

Dans un deuxième temps, dans le transept, je présente une pièce hybride, la rencontre d'un carré et d'une courbe, une pièce ajourée faite d'échancrures, une pièce qui laisse passer la lumière, avec une émanation de la forme à partir d’un centre, un mouvement comme une respiration ; une pièce qui dans mon imaginaire serait la révélation d'un secret. Puis il y a ces deux petits objets que j'ai souhaité appeler clés, qui font référence à la fois aux vitraux de la chapelle - l'un contient une grille, l'autre non - et aux clés de Saint Pierre. Ici, Saint Pierre en porte une, mais en général il en détient deux, l’une est d’argent, l’autre d’or et elles symbolisent la terre et le ciel, le passé et l’avenir.

Enfin, les stigmates, les blessures des jumeaux, les Drédeno, qui ont donné leur nom à la chapelle, personnages assez intrigants, retrouvés dans la terre, dont on ne connait pas vraiment l'histoire. A ces deux personnages dont les cicatrices marquées évoquent la chair et aussi une porte vers le mental, j'ai souhaité rendre hommage en présentant une série de collages rouges déclinés des sculptures qui sont en partie les éléments fondateurs de la transmutation du rouge vers le blanc, de la passion vers l’apaisement.