2024 - Fenestras et Cylindriques - Abbaye de Coat Malouen - Kerpert

 

Issues de sources historiques et géographiques opposées, de cultures religieuses et architecturales différentes, deux mondes formels diamétralement distincts sont appelés à interagir et interroger l’espace de l’entre deux, le passage de la terre au ciel, l’ouverture vers un monde cosmique et contemplatif.

j’ai souhaité entrer en résonance avec le site de l’abbaye et créer un dialogue entre sculpture et patrimoine. J’ai imaginé une rencontre entre deux collections de sculptures les Fenestras et les Cylindriques issues de deux univers formels différents: celui de l’architecture cistercienne en référence à l’Abbaye de Coat Malouen et celui d’une architecture bouddhiste, rassemblées ici, en une forme d’alchimie achrome. 

 


Fenestras / Éléments blancs  / Archives  d’un lieu /
Abbaye de Coat Malouen - Kerpert 2024

Ce que j’ai ressenti lors de ma visite à l’Abbaye de Coat Malouen, durant l’été 2023, est un sentiment mitigé d’écrasement, de rigueur et d’isolement. Abandonnée par les moines depuis bien longtemps, livrée aux vents, aux pluies et au soleil, ces ruines offrent aujourd’hui une lecture théâtrale du passé révolu d’une Abbaye Cistercienne.
Ce qui me restera en mémoire sont les multiples ouvertures aveugles, les passages, les fenêtres béantes, qui s’ouvrent sur d’autres passages ou encore sur le ciel ou sur rien. Quelques traces d’éléments sur les murs rappellent une vie lointaine et sont comme les stigmates d’un corps.

S’est rapidement profilée l'envie de poser le geste d'une rencontre entre un patrimoine existant et un travail en volume.
 Une relecture des multiples ouvertures de l’Abbaye présentée dans une forme sculpturale intitulée « Fenestras » est le fil conducteur de ce projet.  La fenêtre « Objet transitionnel
du dedans dehors », lieu de communication avec l’extérieur et en même temps objet qui met à distance, est le point nodal de ma réflexion. Une collection d’objets à poser ou à lire au mur,  va par un changement d’échelle, de matière et de couleur se réinscrire dans un présent et constituer les Archives d’un lieu.  

 


Cylindriques  / Éléments blancs  / Archives  d’un lieu /
Hall d’entrée signé l’Oeuf - Paris  2024

En me rendant sur les conseils d’un ami architecte, dans le  hall d’entrée d’une résidence construite par Anger, Heymann et Puccinelli en 1960,  dans le 16e arrt. de Paris, j’ai découvert
 l’œuvre de L’Oeuf , atelier pluridisciplinaire, dont Puccinelli faisait partie, auteur notamment de nombreux hall pour cette agence. Des formes généreuses et intrigantes par leur rondeur se sont avérées en plus de leur  résonnance traduire aussi une continuité avec une installation montrée à Saint Drédéno en 2019 à l’occasion de la 28ème éd. de l’Art dans les chapelles. L’écho transmis par ces sculptures imposantes dans le hall de l’immeuble montre clairement leur appartenance à l’architecture. Il pourrait s’agir d’une inspiration ou d’une réinterprétation des
 temples bouddhistes de Birmanie, de Bali ou Angkor.  Le dénominateur commun est la dilatation et la rétraction de la forme dans l’esprit d’une colonne qui prendrait ancrage dans la terre pour se déployer vers le ciel. La colonne vient ici relier terre et cosmos, tel un axis mundi  et vient habiter l’espace de l’entre deux.

L'envie de poser le geste d'une rencontre entre un patrimoine existant et un travail en volume a donné lieu à la réalisation d’une collection d’une dizaine de sculptures intitulées
Cylindriques qui reprennent l’idée de dilatation rétraction et qui par un changement d’échelle, de matière et de couleur viennent se réinscrire dans un présent et constituer
les Archives d’un lieu.